Armand Colin, Annales. Histoire, Sciences sociales, 2(52), p. 321-341, 1997
DOI: 10.3406/ahess.1997.279569
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Un préjugé ancien dévalorise la « période féodale », c'est-à-dire la France et l'Europe des 10e et 11e siècles, ou à partir de « l'an mil ». Une théorie sous-jacente dissuade trop d'historiens, prétendument empiriques, d'y voir aucune sorte d'esprit public ou d'autorité régulatrice. De quoi surprendre et même choquer un esprit teinté d'anthropologie ! Et n'y a-t-il pas aussi quelque arbitraire dans les récits d'une édification de « l'État », aux 12e et 13e siècles, « par la féodalité », c'est-à-dire en récupérant ou détournant des principes réputés « féodaux » ? Il est bien temps ensuite, aux époques ultérieures, d'opposer les « résidus féodaux » à la « modernisation par l'État », dans les intrigues que l'on tisse ou les tableaux que l'on brosse… Le livre de Susan Reynolds détruit allègrement tout cela. On ne peut qu'applaudir tout d'abord, tant la critique est forte et convaincante. Mais on se demande ensuite si elle ne va pus trop loin.