Mosaïque, 20, 2024
Le travail de soin des êtres et de leur milieu semble être le propre de l’animal laborans. Par ce labeur toujours recommencé, les humains expriment leur vie biologique dans un milieu, la Terre, avec lequel ils sont en perpétuelle relation. Enfermer les humains dans le labeur, c’est peut-être les priver des activités qui relèvent davantage de l’œuvre et de l’action et qui sont, selon Arendt, proprement humaines. Pourtant, assumer la nécessité du travail de soin est essentiel pour ne pas briser davantage la Terre, condition de la vie humaine. La Terre n’est pas le fruit de notre œuvre, de notre action, mais la condition de toutes nos activités : il est démesuré de prétendre reconstruire la Terre ou reconstituer un milieu de vie artificiel extraterrestre. D’un côté, en assumant le travail nécessaire de soin de la Terre, les humains œuvrent et agissent ; d’un autre côté, si les conditions de l’œuvre et de l’action sont menacées, c’est en raison de l’oubli du travail de soin de la Terre.