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Canadian Medical Association, Canadian Journal of Surgery, 2(56), p. 78-78, 2013

DOI: 10.1503/cjs.006113

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La lente émergence d’un nouveau journalisme médical

Journal article published in 2013 by Vivian C. McAlister ORCID
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Abstract

Un demi-siècle s’est écoulé depuis les réflexions de Sir Theodore Fox au sujet de ses 40 années au poste de rédacteur en chef de The Lancet. Il intitulait alors sa série de conférences d’adieu « Crise dans les communications : les fonctions et l’avenir des journaux médicaux » [traduction]1. Malgré la forte croissance du nombre de journaux avant les années 1960, la quantité de soumissions reçues avait augmenté au point où Sir Fox regrettait surtout de devoir en refuser une proportion croissante. À la fin du 19e siècle, le chef du service de santé des États- Unis avait pu cataloguer la somme totale des connaissances médicales de l’époque en un volume équivalant à 1 seul mois de l’Index Medicus, catalogue qui en fut le successeur et qui était en usage lorsque Sir Fox prit sa retraite. Il sonnait alors une alarme que l’on a entendue résonner souvent depuis : comment un chercheur, et encore plus un médecin praticien, pouvait-il se faire une idée de la somme des nouvelles connaissances qui ne cessaient d’être produites ? Si le rythme de parution des publications se maintenait, bientôt il n’y aurait plus assez de papier pour les imprimer, plus assez de temps pour les lire et aucun système de bibliothèque capable de mettre de l’ordre dans ce Babel. Sir Fox estimait que 145 000 articles avaient été indexés en 19641. L’an dernier, PubMed en a indexé 1 045 564. Pour Sir Fox, l’informatisation était la voie de l’avenir. Et maintenant, 50 ans plus tard, nous commençons à peine à accueillir cet avenir. Il faisait une distinction entre les fonctions d’« enregistrement » et de « journalisme » des publications médicales. Si la première servait à archiver des faits pour référence future, la seconde pouvait avoir davantage d’impact, parce qu’elle forgeait les connaissances et les opinions. Tout le monde comprend aujourd’hui les capacités illimitées de l’informatisation moderne pour stocker, repérer et extraire du matériel d’archive, mais nous commençons à peine à reconnaître sa capacité à structurer la connaissance. Le Journal canadien de chirurgie (JCC) est le seul journal de chirurgie publié par des moyens conventionnels qui dépose dès leur parution ses articles dans PubMed Central, permettant ainsi un accès ouvert. Depuis que le Journal a adopté cette pratique, son taux global de citation a quadruplé, pour passer de 145 en l’an 2000 à 503 en 2011. Notre taux d’autocitation demeure à moins de 1 %. L’avenir de l’édition médicale réside clairement dans l’accès ouvert. Pour le JCC, la plus grande difficulté récente, qui a menacé la survie du Journal, a été celle du coût croissant de production et de livraison. On jugeait que l’exemplaire imprimé était essentiel si le Journal voulait demeurer pertinent pour les Canadiens. L’imprimé favorise les articles qui façonnent l’opinion, particulièrement dans un journal tel que le JCC, un des rares journaux de chirurgie qui ne soit pas restreint par la spécialisation. Fort heureusement, 2 développements dans le monde numérique sont venu amoindrir la perte de l’exemplaire imprimé de routine. Le format du flip-book numérique reproduit fidèlement le journal et, pour ceux qui préfèrent toujours le papier, l’impression « sur demande » rend possible la production et l’envoi postal d’un seul exemplaire papier. L’information s’échange désormais dans le grand nuage électronique, où elle est modelée et façonnée par une foule d’utilisateurs de toutes sortes. L’information médicale fait partie de ce nuage et n’est plus désormais limitée aux bibliothèques médicales ou repérable seulement au moyen de moteurs de recherche dédiés tels que PubMed. Mais il ne suffit pas de donner aux auteurs la grande exposition que permet la publication à accès ouvert : le Journal cherchera aussi à promouvoir leur travail de façon à le faire voir et entendre dans la mêlée. Le JCC accueillera à bras ouverts les possibilités que fournissent les médias sociaux modernes de participer à ce processus. Les livres sont indexés différemment des journaux. Au cours de ses 55 années d’histoire, le JCC a accumulé une masse de documents qui sont disponibles pour collection ou republication sous forme de livre. Le JCC a publié plus de 40 articles sur l’histoire de la chirurgie au Canada2. Ses rapports scientifiques constituent une documentation fondamentale du développement de la chirurgie au Canada. L’article publié dans le dernier numé ro sur les résultats précoces et tardifs de la transplantation cardiaque était le 120e documentant l’histoire de la transplantation au Canada3. La publication électronique permet la réutilisation et la diffusion de ce genre de matériel, gratuitement sur l’Internet ou en mode d’impression sur demande à faible coût. Le défi que posent les coûts d’impression croissants a ouvert la porte d’un nouveau monde d’édition médicale qui permettra au JCC de conserver sa place de journal de chirurgie de référence au Canada.